Le rôle de l'Islam dans l'esclavage en Afrique

L’esclavage a été répandu à travers toute l’histoire ancienne. La plupart, sinon toutes, les anciennes civilisations ont pratiqué cette institution et c’est décrit (et défendu) dans les écrits anciens des sumériens, des babyloniens et les égyptiens. C’était aussi pratiqué par les sociétés primitives dans l’Amérique centrale et en Afrique. (voir les travaux de Bernard Lewis, Race et Esclavage dans le Moyen-Orient pour une étude approfondie des origines et des pratiques esclavagistes).

Le Coran prescrit une approche humanitaire de l’esclavage – les hommes libres ne peuvent être mis en esclave, et les croyants d’autres religions peuvent vivre comme des personnes protégées, dhimmis, sous l’autorité des règles musulmanes (tant qu’ils paient les taxes appelées Kharaj et Jizya). Toutefois, l’expansion de l’empire islamique résulte d’une interprétation plus sévère de la loi. Par exemple, si un dhimmi est incapable de payer la taxe, il peut être mis en esclavage, et les étrangers (personnes hors des frontières de l’empire islamique) sont considérés comme une source acceptable d’esclaves.

Même si la loi requiert aux propriétaires de bien traiter les esclaves et leur fournir un traitement médical, un esclave n’a aucun droit d’être entendu devant un tribunal (les témoignages sont proscrits pour les esclaves), n’avait aucun droit à la propriété, pouvaient se marier juste avec l’autorisation de leur propriétaire, et étaient considérés comme du cheptel, c’est-à-dire une propriété cessible, du propriétaire de l’esclave.
La conversion à l’Islam ne donne pas automatiquement la liberté à l’esclave, ni à ses enfants. Alors que les esclaves plus éduqués et ceux dans l’armée pouvaient obtenir leur liberté, ceux utilisés aux tâches basiques obtenaient rarement la liberté. En plus, leur mortalité était très élevée – cela était encore significatif jusqu’au dixième siècle et a été remarqué récemment par les voyageurs occidentaux au Maghreb et en Égypte.

Les esclaves étaient obtenus via des conquêtes, des tributs d’États vassaux (dans le premier de tel traité, la Nubie devait fournir des centaines d’esclaves mâles et femelles), les enfants (les enfants d’esclaves étaient aussi esclaves, mais puisque plusieurs esclaves étaient castrés, ce n’était pas aussi courant que dans l’empire romain), et l’achat. La dernière méthode fournissait la majorité des esclaves, et aux frontières  de l’empire islamique, un vaste nombre de nouveaux esclaves étaient castrés, prêts à être vendus avant de traverser la frontière). La majorité de ces esclaves venaient d’Europe et d’Afrique – Il y avait toujours d’entreprenants locaux pour kidnapper leurs propres compatriotes.

Les africains noirs étaient transporté dans l’empire islamique via le Sahara au Maroc et la Tunisie depuis l’Afrique de l’Ouest, depuis le Tchad vers la Libye, en suivant le Nil depuis l’Est africain, jusqu’aux côtes de l’Afrique de l’Est pour le golfe persique. Ce commerce a été bien établi pendant plus de 600 ans avant que les européens n’arrivent, et a conduit à une expansion rapide de l’Islam à travers l’Afrique du Nord.

Au temps de l’empire Ottoman, la majorité des esclaves étaient obtenus par des raids en Afrique. L’expansion russe a mis une fin à la source d »‘exceptionnelles beautés » femelles et de « braves » esclaves mâles caucasiens – les femmes étaient hautement prisées dans les harems, les hommes dans l’armée. Les grands échanges commerciaux à travers l’Afrique du nord avaient à voir avec le transport des esclaves comme des autres biens. Une analyse des prix dans divers marchés d’esclaves montre que les eunuques valaient mieux que les autres mâles, encourageant la castration des esclaves avant l’exportation.

La documentation suggère que les esclaves à travers le monde islamique étaient principalement utilisés comme de serviles domestiques et pour des buts commerciaux. Les eunuques étaient particulièrement prisés comme gardes du corps et confidents; les femmes comme concubines et domestiques. Un propriétaire d’esclave musulman était autorisé par la loi à utiliser les esclaves pour son plaisir sexuel.

Les sources premières devenant de plus en plus disponibles pour les chercheurs occidentaux, le préjugé vers les esclaves urbains est remis en question. Les rapports montrent aussi que des milliers d’esclaves étaient utilisés en bandes pour l’agriculture et l’exploitation minière. Les grands propriétaires terriens et les gouvernants utilisaient des milliers d’esclaves de la sorte, généralement dans des conditions désastreuses : « des mines de sel du Sahara, il est dit qu’aucun esclave n’a vécu là pour plus de cinq ans. »

Les esclaves les plus avantagés de tous les esclaves islamiques semblent avoir été les esclaves militaires – même si ceux qui performaient étaient les plus privilégiés. Au cours du 9ème siècle, les armées d’esclaves étaient utilisées dans tout l’empire islamique. Les armées d’esclaves les plus anciennes tendaient à être blanches, pris de Russie et d’Europe de l’Est. Toutefois, le premier gouvernant indépendant musulman d’Égypte s’appuyait sur les esclaves noirs et à sa mort, il est dit qu’il avait laissé 24000 mamelouks (blancs) et 45000 esclaves militaires nubiens. Dans le Maghreb, la source d’esclaves noirs de Nubie et du Soudan était trop importante pour être ignorée. Au moment de la défaite du Fatimid, au douzième siècle, les troupes noires formaient la majorité de l’armée. Au quinzième siècle, les esclaves militaires noirs étaient gratifiés avec l’usage dans la bataille d’armes à feu (les mamelouks refusaient d’utiliser de telles armes déshonorables). Les troupes d’esclaves en Tunisie dans le dix-septième siècle incluaient même la cavalerie, et le sultan du Maroc est connu pour avoir eu une armée de 250000 esclaves noirs.

Même jusqu’au milieu du dix-neuvième siècle, les gouvernants égyptiens recrutaient activement les esclaves noirs dans leur armée – Par exemple, ils étaient inclus dans la force expéditionnaire égyptienne envoyée par Sa’id Pasha au Mexique pour aider les français en 1863.

L’esclavage transatlantique a envoyé des esclavagistes arabes dans l’excès, c’était un nouveau marché qui pouvait être exploité. Quand les européens ont aboli l’esclavage dans les années 1800, la prise d’esclaves en Afrique a continué. L’éradication de telles pratiques était vue comme une justification majeure par les européens pour la colonisation de l’Afrique. Certainement, l’Angleterre avait une flotte importante patrouillant les côtes contre de tels traders d’esclaves.

Encyclopaedia Britannia’s Historical Survey of Slavery met en lumière  le fait que « le mouvement de colonisation européen de la deuxième moitié du 19ème siècle met une fin à l’esclavage dans plusieurs parties de l’Afrique… » et que « l’Angleterre a tourné son attention sur l’Afrique. Ils sont allés sur le continent, ont pris le contrôle des gouvernements qui pratiquaient l’esclavage, et ont essayé d’abolir cette institution. » En plus « dans les années 1870, les missionnaires britanniques sont allés au Malawi, la place originelle du commerce islamique d’esclaves de l’océan indien, dans une tentative de l’interdire à sa source… Au Dahomey, l’abolition française de l’esclavage a résulté dans la cessation de sacrifices humains. »

Malheureusement, ceci n’était pas assez pour « certaines parties de l’Afrique et dans la plupart du monde islamique ont retenu l’esclavage à la fin de la première guerre mondiale. Pour cette raison, la Société des nations et après, Les Nations Unies ont pris l’extinction finale de l’esclavage comme l’une de ses obligations. La SDN a eu un succès considérable en Afrique, avec l’assistance des puissances coloniales et vers la fin des années 30, l’esclavage était aboli au Liberia et en Éthiopie ». Le problème était tel qu' »après la deuxième guerre mondiale, la déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies … a proclamé l’immoralité et l’illégalité de l’esclavage. L’esclavage fut aboli dans la plupart des pays musulmans, même s’il persistait encore en Arabie Saoudite dans les années 60. Finalement, il fut déclaré illégal dans la péninsule arabique en 1962. »

Traduction de l’article d’Africanstory
Par Alistair Boddy-Evans

Références:

1. Bernard Lewis Race and Slavery in the Middle East: An Historical Enquiry, Chapter 1 — Slavery, Oxford Univ Press 1994.

2. Encyclopaedia Britannia’s Historical Survey of Slavery

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